Heïdar Mirza:  «Erevan espère une intervention étrangère qui stoppe notre  avancée pour geler le conflit sur vingt ans»

  22 Octobre 2020    Lu: 1134
  Heïdar Mirza:   «Erevan espère une intervention étrangère qui stoppe notre    avancée pour geler le conflit sur vingt ans»

Le Figaro a publié un entretien avec Heïdar Mirza, journaliste azerbaïdjanais spécialisé dans les questions de défense.

AzVision présente l'entretien dans son intégralité:

LE FIGARO. - Quelle est la stratégie suivie par l’armée azerbaïdjanaise depuis deux semaines ?

Heïdar MIRZA. - Tout le monde explique l’avance des forces azerbaïdjanaises dans le Sud par l’absence de relief, qui prive les forces du Haut-Karabakh de leur avantage naturel. Mais dans le Nord montagneux, l’armée azerbaïdjanaise a aussi réalisé une percée sur la montagne du Mourovdag. La stratégie est
de prendre l’adversaire en étau par le Sud (une plaine, NDLR) et par le Nord. Le théâtre d’opération est favorable à l’adversaire, qui tient les hauteurs et a construit de très solides fortifications, connues sous le nom de ligne Oganissian.

Les Arméniens tiennent toujours la partie centrale, mais cet avantage est terminé. La ligne de front est
rompue à plusieurs endroits. Les forces arméniennes ont perdu l’avantage qu’elles possédaient au départ. La configuration actuelle du conflit offre une large palette aux forces azerbaïdjanaises, de nombreux scenario sont possibles. Les quatre prochains jours seront décisifs. 

 - Quel est le rapport de force aujourd’hui en termes d’arsenal ?

- Notre avantage, c’est notre matériel technique bien plus moderne, les drones en particulier. Ces derniers jours, je vois que nos hélicoptères et nos avions volent avec imprudence. C’est le signe que la défense antiaérienne adverse, qui était au départ un système centralisé interdisant tout l’espace aérien, a volé en morceaux. L’armée du Haut-Karabakh en tant qu’organisme unifié a cessé d’exister. Il ne reste plus que des bataillons formés de volontaires venus en partie d’Arménie et de l’étranger. Les lignes de communication et leurs blindés sont détruits. Depuis dix jours, ce sont les blindés de l’armée arménienne qui sont détruits, nous le voyons aux numéros d’identification des véhicules. L’arsenal de l’armée arménienne est suffisant pour des opérations défensives, mais pas pour nous repousser au point de départ.

- Bakou accuse Erevan de bombarder ces derniers jours des cibles civiles en Azerbaïdjan, notamment dans la région de Tovuz, près de la frontière géorgienne. Pourquoi ces frappes ?

- L’objectif politique est de déclencher le mécanisme de solidarité de l’alliance militaire ODKB pour obtenir un engagement de la Russie. Il s’agit d’une escalade en vue d’élargir la géographie des combats dans toutes les directions. Le second objectif consiste à bombarder une ville comme Ganja, c’est-à-dire un objectif civil, pour déclencher une vive réaction de l’Azerbaïdjan. L’Arménie cherche à attirer l’attention internationale sur le conflit, même si c’est pour apparaître de manière criminelle. Plus il y a d’attention internationale, plus il y a de pression pour stopper le conflit. Parce que, côté militaire, Erevan se sait dans
une mauvaise passe. Il faut encore une ou deux victoires azerbaïdjanaises avant que les forces armées
adverses comprennent qu’elles sont condamnées. Erevan espère une intervention étrangère qui stoppe notre avancée pour geler le conflit sur encore vingt ans. Mais cela ne se produira pas. 

Par Emmanuel Grynszpan


Tags: Karabagh   France  


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